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Je vous expose mes points de vu à propos des films que j'ai regardés.

14 Jun

La Guerre à Paris

Publié par Eric

La Guerre à Paris

Pendant la seconde Guerre Mondiale, Paris est occupée par les allemands. De famille juive, Jules, dont le jeune frère est activement mêlé à la résistance, ne s'implique pas, et ne veut rien faire, attendant des jours meilleurs. Mais, pris dans une rafle, il est obligé de dénoncer une bande de résistants espagnols afin de sauver son père, qui sera tout de même arrêté. Par vengeance, il tuera un officier allemand et un policier français…

Héros ou salaud ?

L'Histoire avec un grand "H", ce n'est pas ce qui intéresse la réalisatrice Yolande Zauberman. Paris occupée n'est que le décor qui sert à dépeindre un personnage inactif pris dans la tourmente des évènements. Cela aurait pu se passer pendant n'importe quelle guerre, à n'importe quelle époque, dans n'importe quel pays. C'est avant tout une histoire de destin. Qui se plaît, comme chacun sait, à jouer de bien vilains tours aux pauvres mortels…

So human

Le personnage de Jules (excellent Jérémie Rénier) est en effet un pantin, livré à lui-même. Il le répète plusieurs fois dans le film (assez lourdement, d'ailleurs), il ne veut rien faire, il ne fait rien dans la vie… Il attend. Mais l'histoire n'attendant pas, il sera ballotté, livré aux caprices du destin. C'est la principale qualité du film, rendre humain un personnage indéfendable sur le papier. Il dénonce des résistants, ment à ses proches, se fait passer pour un héros alors qu'il n'a agit que sous le coup de la colère… Mais c'est cette docilité si humaine sous le poids de la vie qui le rend si juste, si réel, et, du coup, acceptable. Nous ne sommes pas des héros de cinéma, nous sommes des gens déchirés entre des considérations géopolitico-sociales et des obligations quotidiennes, qui impliquent le doute, la peur du lendemain… Pour la plupart d'entre nous, il est plus facile d'allumer la télé que de changer le monde… En rendant palpables ces sentiments, Yolande Zauberman nous fait réfléchir sur notre propre moralité. Qu'aurions nous fait, à la place de Jules ? Bonne question.

Minimalisme exacerbé

Sorti de cet excellent portrait, La Guerre à Paris pâtit tout de même d'une forme à la limite du téléfilm, et de longues plages de silence ou de poses qui alanguissent un récit déjà pas très nerveux. La reconstitution n'arrive pas à nous immerger tout à fait dans l'histoire (les antennes de télé sur les toits du Paris de 1943, c'est un peu gênant…), et fait que l'on ne se sent pas emporté par le souffle romanesque qui aurait du traverser le film (on pense parfois à Un héros très discret de Jacques Audiard). L'histoire d'amour tragique entre Jules et Ana Maria (jouée par la toujours juste Elodie Bouchez) souffre de ce refus d'exacerber les sentiments. Vouloir être minimaliste, soit, mais il est dommage que cela se fasse au détriment du rythme et de l'émotion. De ce jeu dangereux, La Guerre à Paris sort malheureusement amoindri, et n'est que l'ébauche du puissant portrait qu'il aurait pu être.

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