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Je vous expose mes points de vu à propos des films que j'ai regardés.

25 Nov

Le jour d'après

Publié par Eric

Le jour d'après

Le réchauffement progressif de la planète devrait dans un futur incertain entraîner des bouleversements climatiques catastrophiques. Ce sont les conclusions du climatologue Jack Hall, qui ne semblent pas émouvoir outre mesure le gouvernement américain. Mais lorsque les relevés de températures s'affolent et que la ville de Los Angeles est dévastée par des tornades meurtrières, le doute n'est plus permis : une nouvelle ère de glaciation menace notre planète…

Dans le sens du vent

Qu'attendre de Roland Emmerich ? L'homme qui a fait du président américain le sauveur de l'humanité dans son avion de chasse de plusieurs millions de dollars dans Independence Day, l'homme qui a transformé Godzilla, le symbole du cataclysme atomique déclenché par les américains à Hiroshima et Nagasaki, en une créature enfantée par les français et venue détruire les buildings des gentils new-yorkais… Cet homme là fait peur dès qu'on l'annonce derrière une caméra, partagé qu'il semble être entre un cynisme effrayant et une dévotion totale aux codes de la bonne conduite made in USA. De fait, on pensait déjà savoir ce qu'allait nous réserver Le Jour d'après : des scènes de destruction impressionnantes, un scénario bateau narrant les destinées de personnages séparés luttant contre l'adversité dans un élan fraternel émouvant, un plan sur un drapeau américain, un sauvetage de chien… Verdict ?

I Love Spielberg

Coupable ! Non, on rigole, mais pas loin quand même… En fait, Emmerich semble avoir décidé d'effectuer un changement dans la continuité. En clair, cinématographiquement, c'est toujours pareil (on ne change pas une équipe qui gagne, diront les plus magnanimes), idéologiquement, on s'achète une conscience. Cinématographiquement, donc, rien ne change, à part les saisons. Ici, justement, on parle d'un hiver précoce et plutôt dévastateur, ce qui occasionne comme toujours chez l'ami Roland des scènes de dévastation à grande échelle qui, il faut bien le dire, assurent plutôt bien du côté spectacle. Les ingénieurs des SFX se sont surpassés, notamment pour la séquence de destruction de L.A. par des tornades, qui, on s'en doute, doit plus sa réussite aux magiciens de la synthèse qu'à Emmerich lui-même. Dommage que ce morceau de bravoure intervienne si tôt dans le film, ne laissant que des miettes par la suite. Car la tension retombe rapidement après cette scène, et n'atteint plus jamais de pareil pic. Emmerich est lui trop occupé à " faire comme " Spielberg pour s'occuper du spectateur. Après le raz-de-marée ayant ravagé New York, le personnage de Dennis Quaid part en effet à la rescousse de son fiston, afin de rajouter quelques péripéties au tout. S'ensuit une scène décalquant plus ou moins la séquence de Jurassic Park 2 où les héros sont dans un camion suspendu dans le vide, à la merci d'une vitre se brisant peu à peu. Emmerich photocopie le tout sous l'œil blasé du spectateur qui n'a que faire du personnage mis en péril, présenté en 3 plans et 4 lignes de dialogue. Plus tard, à l'occasion d'une course poursuite entre le fiston et des loups dans un bateau prisonnier des eaux en plein New York (ça a l'air confus comme ça, mais en fait non), c'est toujours Jurassic Park que démarque le réalisateur, en lorgnant sur la séquence où les raptors investissent la cuisine, lors du premier volet de la trilogie dinosauresque. Encore une fois, la copie est bien moins prenante que son modèle… Le Jour d'après n'offre pas grand-chose d'autre que ces passages au suspens mou et au dynamisme de mémé arthritique, qui remplissent à peine le cahier des charges Emmerichien (c'est dire !). La grosse déception du film étant tout de même qu'il n'y a pas de sauvetage de chien, ce qui manque quand on regarde un Emmerich…

Bowling for Emmerich

En revanche, Le Jour d'après rompt avec la tradition proaméricaine qu'a jusque là respectée à la lettre (il en a même écrit quelques consignes, le bougre) le sieur Roland. Ca commence avec une scène de congrès météorologique où la position des Etats-Unis par rapport aux grandes questions environnementales est vigoureusement dénoncée. On lève un sourcil, on rejette un coup d'œil sur le dossier de presse pour vérifier le nom du réalisateur... Ben non, c'est bien un Emmerich. Une erreur, sans doute. Et pourtant, cette tendance plutôt mise en veilleuse tout au long du film se répète plus tard lors d'une séquence mémorable montrant une vague d'émigration clandestine des habitants d'Amérique du nord vers le Mexique, qui ferme ses frontières pour l'occasion (demandant l'annulation de ses dettes pour les rouvrir !). Le monde à l'envers, savoureusement croqué par un cinéaste chez qui autant d'audace étonne ! Heureusement, fidèle à sa traditionnelle légèreté et à sa finesse sans égale, Emmerich nous assène en conclusion du film un discours hallucinant du vice-président US disant en substance : " ben heureusement que le tiers-monde est là pour assurer la pérennité de l'espèce humaine, et nous les méchants riches, on a vraiment été salauds de les ignorer et de les affamer " ! Il faut le voir pour le croire. Un tel revirement de morale ne peut que laisser pantois le spectateur encore traumatisé au souvenir d'un Mel Gibson perruqué courant au ralenti avec un drapeau américain dans... la main. Toujours est-il qu'on est désormais curieux de voir le prochain essai du cinéaste afin de savoir si cette volte-face n'est qu'une réaction aux derniers évènements internationaux (Emmerich/Michael Moore, même combat ?), ou si le réalisateur d'Independence Day a simplement joué le jeu du gentil garçon ennamouraché de sa patrie d'adoption afin de mieux contre-attaquer par la suite, conforté par une situation bien implantée dans le milieu… Alors Roland, cynique d'un jour, ou cynique de toujours ?

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